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Les Aixois, en manque d’air pur et de calme ?

Les Aixois, en manque d’air pur et de calme ?

Le bien-être, c’est la santé ! C’est en tout cas ce qu’affirme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui définit cette dernière comme « un état de complet bien-être physique, mental et social ». L’association Santé Environnement France (ASEF), qui réunit plus de 2 500 médecins, a voulu savoir quels étaient les critères déterminants pour se sentir bien. Elle a donc décidé de descendre dans la rue, à Aix-en-Provence, pour prendre la température…

Fin 2010, la ville d’Aix-en-Provence a publié les résultats d’une étude de satisfaction. Selon cette étude, 92 % des Aixois sont satisfaits de vivre à Aix-en-Provence. Or, cette enquête portait principalement sur les aspects culturels, universitaires, climatiques et environnementaux. L’étude sur le bien-être à Aix, réalisée par l’ASEF, s’intéresse avant tout aux aspects liés à la santé et aux ressentis des Aixois en ce qui concerne les biens communs : qualité de l’air, bruit, espaces verts… qui influent grandement sur le sentiment de bien-être. Malheureusement, nous ne sommes pas 92 % à estimer respirer un air pur.

Comment les Aixois définissent-ils le bonheur ?

En premier lieu, ils ne le lient pas à l’argent. Seuls 7 % des personnes interrogées répondent « l’argent » lorsqu’on leur demande d’associer un mot au bonheur. Quatre grandes tendances sont mises en évidence.

– Les Aixois sont sensibles à leur cadre de vie. Un tiers des personnes interrogées vivant dans les quartiers les plus défavorisés de la ville déclarent ainsi que, pour se sentir mieux, il faudrait en priorité qu’elles aient un cadre de vie plus agréable.

– La pollution semble avoir un poids important sur le sentiment de bien-être des Aixois. Les trois quarts d’entre eux affirment être gênés par celle-ci.

– La perte de temps : plus d’un Aixois sur trois estime que pour se sentir mieux, il faudrait qu’il ait en priorité plus de temps ! Et ce temps, ils sont plus de la moitié à expliquer que s’ils en avaient plus, ils le consacreraient à leur famille et à leurs amis ! Un quart des Aixois disent que ce qui les énerve le plus au quotidien, c’est précisément ce temps perdu dans les embouteillages !

– Le bruit : à la question, « qu’est-ce qui vous énerve le plus au quotidien ? », 31 % des Aixois ont répondu « le bruit » ! Quant aux habitants des quartiers d’Encagnane et du Jas-de-Bouffan, ils sont 50 % à avoir choisi cette réponse !

Pollution de l’air et santé

Comme de nombreuses études ont pu le démontrer, la pollution de l’air a un fort impact sur notre santé et, par conséquent, notre bien-être. Asthme, allergies, pathologies respiratoires, eczéma… L’étude « Poussette » (voir encadré), menée par l’ASEF en mars dernier, démontre que Aix-en-Provence présente des taux de microparticules dans l’air 2,6 fois plus élevés que ceux préconisés par l’OMS. Les microparticules sont reconnues comme cancérigènes, mais elles ont de nombreuses autres incidences sur la santé, elles favorisent entre autres :

– l’asthme ;

– les infections ORL ;

– les rhumes et grippes ;

– l’hypersensibilité aux allergènes alimentaires ;

– l’obstruction des coronaires ;

– L’infarctus du myocarde (risque multiplié par 3 après exposition au trafic) ;

– L’obstruction des artères carotides (+ 4,1 % d’obstruction/10 μg/m3) ;

– Le risque d’événements cardio-vasculaires (+ 24 %/10μg/m3) ;

– Le risque d’AVC (+ 35 % en zone de forte densité routière) ;

– Le risque d’accoucher d’un bébé de faible corpulence.

Bien-être et perte de temps

D’une manière subjective, le temps est devenu un bien de plus en plus rare. En moins d’un siècle, notre temps libre est passé de 100 000 à 400 000 heures1. Pourtant, nous nous sentons agressés par ces bouchons routiers qui nous volent notre temps. Les sentiments d’injustice et de frustration accentuent considérablement notre état de stress et affectent notre bien-être.

Cadre de vie et santé

Plusieurs études scientifiques ont fait ressortir le lien entre la présence d’espaces verts et la réduction des risques d’anxiété, de stress, de pathologies respiratoires, etc. Récemment, des géographes se sont interrogés sur le mal-être chez les individus habitant en ville. Quant à Nicole Mathieu, chercheuse au CNRS, elle fait clairement le lien entre le bien-être et le lieu où l’on réside. Selon leur recherche, les individus voient aujourd’hui davantage les inconvénients de la ville et l’on remarque une confrontation entre la représentation de la vie en ville (négative) et la représentation de celle à la campagne (positive). La mise en place du durable et du vert au sein de la ville serait un moyen d’apporter plus de bien-être à la population2.

Propos recueillis par Emmanuelle Klein

(1) Source : Éloge de la mobilité – Essai sur le capital
temps libre et la valeur travail
Jean Viard, Paris, éditions de l’Aube, mai 2006, 205 p.

(2) Source : N. Mathieu, D. Martouzet, Y. Guermond,
« Pour de nouvelles approches vers des villes durables », NSS Dialogues, EDP Sciences 2010.

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